Le nerf de la guerre by Petit Bernard & Bernard Petit

Le nerf de la guerre by Petit Bernard & Bernard Petit

Auteur:Petit, Bernard & Bernard Petit [Petit, Bernard & Bernard Petit]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 2024-02-01T11:43:20+00:00


À cet instant, les deux femmes ignoraient qu’elles se parlaient pour la dernière fois.

Quand le chien d’un promeneur l’avait trouvé dans les fougères de la forêt de Retz, le corps était complètement dénudé. Dès les premières constatations, les techniciens de l’Identité judiciaire avaient remarqué ce qui ressemblait à des traces de tortures, des trous au niveau des pieds et des genoux. Ils avaient de plus relevé des empreintes de pneus d’une largeur de deux cent quatre-vingt-quinze millimètres correspondant sans doute à celles d’un 4 x 4, de toute évidence le véhicule qui avait déposé le cadavre là. Quant à la victime, elle avait été facilement identifiée comme étant Sigrid Jacobsen, une ancienne call-girl enregistrée au registre des sources, plus connue aux Stups sous l’alias de Casque d’or.

À l’institut de médecine légale, la dépouille avait été couchée sur une table en acier et Ouazzani, qui avait voulu assister à l’autopsie aux côtés des types de la Crim’, avait noté que la beauté de son informatrice était restée intacte malgré la mort. Pendant ce temps, comme à son habitude, le légiste avait commencé par une minutieuse description du corps, précisant à cette occasion que la radiographie n’avait révélé aucune trace de fractures et que les blessures, vraisemblablement infligées par une perceuse, n’étaient pas létales. Il se disait par contre plus circonspect sur une plaie de petite taille qu’on apercevait dans la région précordiale.

Il avait ensuite entamé la partie la plus sinistre de sa besogne en disséquant la victime dans le but de déterminer la cause exacte du décès, procédant dans le même temps à de multiples prélèvements. Arrivé à la hauteur de la cage thoracique, qu’il avait préalablement dégagée à la cisaille tel un simple capot moteur, il s’était soudain arrêté et avait marmonné : « Je crois que j’ai trouvé », avant d’annoncer que l’aorte thoracique avait été sectionnée, provoquant une hémorragie massive. Dit plus simplement, Casque d’or était décédée des suites d’un coup de couteau porté au thorax dans la région du cœur.

Comme chaque fois dans ce lieu si particulier où l’empathie est à jamais proscrite, Ouazzani mesurait pleinement ce que signifiait la mort. Sauf que ce jour-là, les chairs qui s’ouvraient sous les doigts du légiste à la recherche d’hématomes sous-cutanés lui donnaient la nausée, et elle avait préféré sortir avant que le médecin ne s’attaque à la tête, à ce visage qui lui était si familier. Redoutant qu’elle ne fasse un malaise, son adjoint lui avait aussitôt emboîté le pas jusqu’au parking où, à côté de leur voiture, elle commença à retrouver son souffle pendant qu’il allumait une cigarette.

— Ça ne va pas ? avait demandé le capitaine après quelques secondes.

— On fait aller, mais j’avais besoin de respirer, lui avait répondu Ouazzani.

— C’est normal, d’autant que tu la connaissais. Après tout, on est des gens comme les autres…

— Oui, au début du moins.

— Je ne suis pas sûr de comprendre.

— Tu crois que c’est normal d’assister au dépeçage de quelqu’un, que tu le connaisses ou pas ?



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